A. Antolin, Une censure éditoriale : Ravages de Violette Leduc

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En 1948, lorsque Violette Leduc commence à rédiger Ravages, roman autobiographique, elle ne sait pas qu’elle se lance dans l’œuvre de toute une vie. Si les premiers conseils prodigués par Simone de Beauvoir sont exigeants mais bienveillants, les relectures des éditions Gallimard sont bien plus sévères. Dans une société qui refuse certaines réalités et où la Commission de censure exerce un pouvoir fort, les scènes d’amour lesbien, de viol ou d’avortement inquiètent la maison d’édition, qui demande à l’autrice d’effectuer de larges coupes. En 1955, l’ouvrage sort enfin aux éditions Gallimard, mais il est amputé d’une grande partie de ce qui fait son identité. Par la suite, certains extraits du texte censuré paraissent ici et là, mais sans jamais redonner sa force et son entièreté à cette œuvre majeure de la littérature française.
À travers l’analyse génétique minutieuse des différentes versions de Ravages – manuscrits, dactylographies, textes publiés –, mais aussi de tous les écrits qui l’accompagnent, Alexandre Antolin retrace le parcours littéraire, psychologique et médiatique de Violette Leduc. Il permet également d’appréhender l’œuvre intégrale non censurée et d’en découvrir toute la richesse.

Alexandre Antolin est docteur en lettres modernes et histoire du genre. En parallèle de son poste d’assistant d’édition, il s’intéresse aux questions de censure des autrices dans l’après-guerre et à la littérature lesbienne de cette période. À ce titre, il a contribué à Écrire à l’encre violette : littératures lesbiennes en France de 1900 à nos jours avec Aurore Turbiau, Alex Lachkar, Camille Islert et Manon Berthier (Le Cavalier bleu, 2022).