AAC - Les grandes figures historiques dans les lettres et les arts, n° 15 (mai 2026)

Appel à contributions

Appel à contributions

Les grandes figures historiques dans les lettres et les arts, revue en ligne, n° 15 (mai 2026)

 

« Une problématique universalité : Toussaint Louverture et autres figures révolutionnaires » Depuis ses débuts en 2012, la revue Les grandes figures historiques dans les lettres et les arts s’intéresse à la plasticité du personnage historique, inépuisablement disponible à toutes les réécritures.

Nous souhaitons consacrer le numéro 15 à Toussaint Louverture qui, entre idéalisation et oubli, illustre exemplairement cette instrumentalisation de l’Histoire. Figure cristallisant de nombreuses aspirations révolutionnaires, véhicule de contestations anti-bonapartistes et abolitionnistes, héros romantique, père fondateur pour mouvements d’indépendance, ce personnage d’une plasticité étonnante investit tous les genres possibles – tragédie, poésie, roman, pamphlet – et y engendre une révolution formelle autant que politique.

La séduction qu’il exerce tient assurément, pour une très large part, à la beauté des combats perdus : le prisonnier du Fort de Joux échappe à toutes les critiques qu’aurait pu encourir le chef d’État. Auréolé d’un éclat sacrificiel, il entre dans la légende révolutionnaire. À cet égard, il peut être intéressant de le rapprocher d’autres héros sacrificiels, dans les représentations du soulèvement des esclaves de Saint-Domingue, mais aussi dans le cadre très différent des révolutions européennes. On pense en particulier aux Girondins, non seulement en raison de leur aura de martyrs, mais aussi parce qu’ils en sont venus à désigner par antonomase tout mouvement politique enraciné dans une culture spécifique et locale, par opposition au centralisme dont les Jacobins sont devenus le synonyme.

De fait, l’une des questions que posent les représentations de Toussaint Louverture est celle de sa représentativité : locale ou mondiale ? Dans diverses œuvres du XIXe siècle, par-delà leurs différences politiques et formelles – citons la tragédie Toussaint Louverture de Lamartine, le roman Bug-Jargal de Victor Hugo, ou bien quelques vers inattendus dans le poème « Rolla » de Musset –, on voit s’esquisser un postulat commun, consistant à exalter les esclaves de Saint-Domingue en tant qu’ils incarnent une aspiration universelle à la liberté. Que reste-t-il de cette universalité ? Dans le paysage contemporain, force est de constater que le nom de Toussaint Louverture résonne essentiellement dans l’espace antillais ou caribéen, tandis qu’il pâtit d’un relatif oubli dans la culture

« métropolitaine ». Faut-il déplorer cette restriction du champ ou, au contraire, se réjouir de voir Toussaint Louverture libéré d’une telle injonction ? Cette question, qui traverse toute réflexion postcoloniale, recevra un nouvel éclairage à travers l’étude d’une telle figure. À tout le moins, elle permet de rappeler à quel point il importe d’inscrire l’analyse dans un contexte historique et politique précis : avant d’intenter un procès en jacobinisme à tel ou tel écrivain, il convient de se demander dans quel combat politique son universalisme s’inscrit. Et si l’universalisme est à dépasser, cela ne

fait que relancer l’interrogation : dans l’ordre, ou le désordre, actuel, quels discours Toussaint Louverture vient-il nourrir ?

Telles sont les questions que ce numéro projette d’aborder, en accueillant toutes les propositions relatives aux représentations (littéraires, picturales) de ce personnage, et par extension aux héros sacrificiels de révolutions diverses, pour autant que ces propositions s’ouvrent au débat entre  spécificité et universalisme. On souhaiterait privilégier la révolte d’esclaves et l’usage politique qui en est fait, mais d’autres contextes historiques et politiques peuvent également entrer en ligne de compte.

 

Les articles sont à remettre au 31 décembre 2025. Adresse : alison.boulanger[chez]univ-lille[point].fr

Ils seront soumis à une double lecture en aveugle (les commentaires et appréciations étant communiqués, sous forme anonyme également, aux auteurs).

Longueur indicative : entre 20 000 et 30 000 caractères, espaces compris Le numéro 15 sera mis en ligne le 1er juin 2026.

 

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