Soutenance de Marine Rouch

Soutenance de thèse
Maison de la recherche, Université de Toulouse

Nous avons l'immense plaisir de vous annoncer la soutenance de Marine Rouch :

« Chère Simone de Beauvoir » : Voix et écritures de femmes « ordinaires ». Contribution à une histoire de la lettre à l’écrivain·e (1945-1970)  

dirigée par Sylvie CHAPERON et Martine REID 

le mardi 06 décembre 2022 à 14h00, en salle D31 de la Maison de la recherche, université de Toulouse Jean-Jaurès. 5, allées Antonio Machado, 31100 Toulouse. 

Vous y êtes chaleureusement convié·es. Il sera sans doute possible de suivre la soutenance à distance. Afin que je puisse m’organiser au mieux, et le nombre de places étant limité, merci de remplir le formulaire suivant en précisant si vous souhaitez assister en présentiel ou à distance https://framaforms.org/soutenance-de-these-de-marine-rouch-6-decembre-2022-14h-1669298413 

Dans ce dernier cas, un lien vous sera envoyé la veille de la soutenance. 

 

***

Le jury se compose de :  

Jean-Louis JEANNELLE, Sorbonne université, rapporteur, 

Judith G. COFFIN, The University of Texas, rapporteure, 

Claire BLANDIN, Université Paris 13 Sorbonne Paris Nord, examinatrice 

Jacques CANTIER, Université de Toulouse Jean Jaurès, examinateur, 

Yannick CHEVALIER, Université de Lyon 2, examinateur, 

Sylvie CHAPERON, Université de Toulouse Jean Jaurès, directrice, 

Martine REID, Université de Lille, co-directrice. 

 

Résumé en français :  

Simone de Beauvoir était une grande épistolière. Ses nombreuses correspondances déjà publiées le montrent. Les lettres reçues de la part de son lectorat, qu’elle conservait et auxquelles elle répondait, en sont une preuve supplémentaire. Ces 20 000 lettres, reçues entre 1942 et 1986 – année de la mort de l’écrivaine –, sont conservées à la Bibliothèque nationale de France depuis 1995 et n’ont que trop peu suscité l’intérêt des chercheur·ses malgré leur richesse évidente. 

Cette thèse en propose une analyse pour la période allant de la publication du Deuxième sexe (1949) jusqu’à la veille de la Deuxième vague féministe (1970), soit un corpus de 8756 lettres. L’étude de ces lettres a été croisée avec celle des réponses de Beauvoir, récoltées au fil de l’enquête, et des archives personnelles (journaux intimes, correspondances, photographies) des correspondantes, entre autres sources. 

La thèse comporte trois parties. La première s’attache à comprendre la pratique de la lettre à l’écrivain·e dans un contexte de culture de masse. Elle démontre qu'un régime de communication de masse est au cœur de la relation entre les écrivains et leur public, et qu’il s'exprime dans les lettres. La deuxième partie explore les spécificités de ce régime de communication entre Beauvoir et son lectorat. Elle indique que ce dernier occupe une place centrale dans le projet philosophique beauvoirien et propose la notion de « pacte épistolaire » pour penser la relation entre deux correspondants asymétriques, l'un « ordinaire », l'autre célèbre. La troisième partie part du constat que la grande majorité des lettres ont été écrites par des femmes et s’attache donc à explorer l’appropriation des œuvres beauvoiriennes par ses lectrices. Alors qu'il est communément admis que Le Deuxième sexe est la bible des femmes et du féminisme, les lettres montrent que les Mémoires ont joué un rôle central dans cette appropriation et que la réception du Deuxième sexe doit être réévaluée dans ce sens. Enfin, à partir de l’hypothèse selon laquelle la communication littéraire ne s'arrête pas avec la publication d'une œuvre, mais se poursuit avec son appropriation et la correspondance qui en découle, le retour d’influence des lettres sur le devenir féministe de Beauvoir est examiné.  

La thèse s’inspire de l’histoire « par le bas », mais par la posture que définit et formule son autrice, une histoire « depuis l’intérieur » se dessine, suggérant une approche phénoménologique de l’histoire. 

 

Mots clés : Simone de Beauvoir ; lectorat ; correspondance ; réception ; culture de masse ; féminisme ; histoire « par le bas ». 

 

Abstract:

Simone de Beauvoir wrote and received many letters during her life. Her numerous published correspondences show this; the letters received from her readers, which she kept and to which she replied, are further proof. These 20,000 letters, received between 1942 and 1986 – the year of the writer's death - have been preserved at the French National Library (Bibliothèque nationale de France) since 1995 and have received too little attention from researchers despite their obvious wealth. 

This thesis is based on a corpus of 8756 letters and proposes an analysis of the period from the publication of The Second Sex (1949) to the eve of the Second-wave feminism (1970). The study of these letters was crossed with Beauvoir's replies, collected during the course of the research, and the personal archives (diaries, correspondence, photographs) of the female correspondents, among other sources. 

The thesis is in three parts. The first part focuses on understanding the practice of writing letters to a writer in a context of mass culture, demonstrating that a regime of mass communication is at the heart of the relationship between writers and their audiences, and that it is expressed in letters. The second part explores the specificities of this regime of communication between Beauvoir and her readership. It demonstrates that the latter occupies a central place in Beauvoir's philosophical project and proposes the notion of "epistolary pact" to think about the relationship between two asymmetrical correspondents, one "ordinary", the other famous. The third part starts from the fact that the vast majority of the letters were written by women and therefore explores their lived experiences and their appropriations of Beauvoir’s works. While it is commonly accepted that The Second Sex is the bible of women and feminism, the letters show that the Memoirs played a central role in this appropriation and that the reception of The Second Sex must be re-evaluated in this sense. Finally, based on the assumption that literary communication does not end with the publication of a work, but continues with its appropriation and subsequent correspondence, the return of influence of the letters on Beauvoir's feminist trajectory is examined.  

The thesis is inspired by history "from below", but through the posture defined and formulated by its author, a history "from the inside" emerges, suggesting a phenomenological approach to history. 

 

Keywords: Simone de Beauvoir; readership; correspondence; receptions; mass culture; feminism; history from below 


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