Soutenance d'Esther NKA MANYOL

Soutenance de thèse
Université de Lille, Bât. A, salle A2.703

Le 26 septembre à 14h, à la Maison de la recherche, Université de Lille Campus Pont-de-Bois, dans la salle F0.15, Mme NKA MANYOL soutiendra une thèse intitulée : "Le thriller ésotérique dans le roman français contemporain: approche critique d'un genre nouveau (1995-2020)" dirigée par Frank Greiner et Catherine Douzou.

Résumé :
Dans ce travail descriptif, il est question de comprendre le succès d’un nouveau genre qui sature le paysage littéraire depuis plus d’une vingtaine d’années : le thriller ésotérique. Initié, dans son versant négatif, par Umberto Eco (Le Pendule de Foucault, 1988), et vulgarisé par Dan Brown (Da Vinci Code, 2003), le genre rencontre dès son apparition, un succès grandissant en Occident. En France, parmi les écrivains les plus représentatifs de cette mouvance, se distinguent Frédérick Tristan, Éliette Abécassis, Gilbert Sinoué, Frédéric Lenoir, Henri Lœvenbuck, et Frédéric Bovis., dont les œuvres ont suscité notre intérêt. Le thriller ésotérique peut se définir comme un nouveau sous-
genre de littérature policière à caractère antirationaliste. Il accorde la primauté à la quête ésotérique au détriment de l’enquête criminelle. En tant que contre-culture, le genre mêle, sur un ton polémique, diverses traditions et courants ésotériques (gnosticisme, kabbale, alchimie, hermétisme, rosicrucisme, théosophie, etc.). L’intrigue, qui se déploie dans un cadre religieux ou mythique, assigne au détective de l’occulte (savant-soldat ou sorte d’initié) la mission de percer le « Grand secret », secret millénaire, susceptible de bouleverser les idéologies dominantes et de remettre en question nos racines culturelles. En jouant sur la tension narrative, il engendre une nouvelle forme d’hésitation – de type « et si c’était vrai ? ». Il faut comprendre qu’à partir du XIXe siècles, les relations entre roman policier, ésotérisme et complot sont particulièrement très fécondes, notamment chez les feuilletonistes et d’autres écrivains pratiquant le mélange des genres policier et fantastique ou roman d’espionnage. Beaucoup se souviendront peut-être du Juif errant d’Eugène Sue, de Joseph Balsamo d’Alexandre Dumas, de Ferragus d’Honoré de Balzac, de L’Énigme de l’Aiguille Creuse de Maurice le Blanc, des 39 Marches de John Buchan ou du Fantôme de l’opéra de Gaston Lerroux. Au cinéma, le succès des aventures d’Indiana Jones, le détective de Steven Spielberg et Georges Lucas, n’est pas en reste. L’ensemble de ces œuvres, les polémiques liées aux découvertes des manuscrits de Qumran, l’avènement du New Age, le succès du réalisme fantastique et la montée en puissance des théories du complot, semblent expliquer l’émergence de cette nouvelle forme littéraire. Mais, à la suite des analyses des procédés narratifs, esthétiques et idéologiques, d’une dizaine de romans, il apparaît clairement, qu’au-delà des influences et des stratégies  commerciales mises en œuvre par certains écrivains, le succès du thriller ésotérique
s’explique surtout par une soif de spiritualité alternative et un réel besoin de restaurer la place du sacré en Occident.


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