Soutenance d’Eva Réthoré
Soutenance de thèse
Bâtiment A, Université de Lille – Domaine universitaire du Pont de Bois 3 rue du barreau 59491 Villeneuve-d’Ascq, salle : A2.705.
Résumé : L’après première guerre mondiale sanctionne une crise de la représentation des personnages dans la littérature française. Celle-ci repose sur un malaise épistémologique et philosophique quant aux statut et rôle de l’individu.Dans ce cadre, l’œuvre fictionnelle de Victor Serge propose une alternative originale à la question : à la fois témoin et acteur de la révolution russe et du foisonnement littéraire des premières années révolutionnaires, opposé à Staline et survivant des goulags, il est en effet le seul écrivain de la révolution pouvant s’exprimer librement dans les années 1930. Ainsi, dans une perspective socio-littéraire, Serge nous offre un aperçu d’une nouvelle littérature sociale : il a eu le temps de mûrir et d’assimiler une nouvelle compréhension du rôle de l’individu et de la collectivité, issue de la révolution, et de la restituer dans son œuvre. L’ensemble de l’œuvre fictionnelle a été ainsi analysée dans notre propos sous le prisme de l’analyse textuelle de la construction des personnages. Le personnage est apparu comme la matrice de construction progressive du roman – à la fois moyen narratif de l’intrigue et finalité de celle-ci. Entre technique de fragmentation ou élan épique, le héros chez Serge se dédouble entre protagoniste individualisé et actant collectif, les deux niveaux étant reliés et étant conçus comme objets de conquête. Cette littérature de la praxis, de combat, s’illustre dans l’élaboration d’un travail sur le pronom pluriel :étiquette vide, indéterminée, devenant – par l’écriture – grille de lecture marxiste d’une collectivité. L’œuvre de Serge réussit ainsi à construire un héros collectif qui transfigure la multiplicité polyphonique en un actant collectif contrasté. Cette perspective et innovation littéraire se heurte néanmoins, dans ses dernières œuvres, à la réalité sociale des années 1930 et 1940. Le totalitarisme, l’échec d’une révolution, impose un roman sans héros collectif et donc sans héros individuel – les deux étant corrélés chez notre auteur. Cette disparition devient récit de celle-ci et laisse in fine la place à des archétypes ou à des porteurs de discours. Si quelques personnages individuels subsistent dans l’univers fictionnel, c’est en se caractérisant par une dimension sur-humaine, mystique.
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