Soutenance - Nina Bigot

Soutenance de thèse
Université de Lille, Campus Pont-de-Bois, Maison de la Recherche, F0.44

Nous avons le plaisir de annoncer la soutenance de thèse de Nina Bigot, intitulée : « L'art photolittéraire d'Antoine d'Agata » sous la direction de Florence de Chalonge.

Résumé : 

Si Antoine d’Agata est connu comme photographe, ses phototextes ont rarement fait l’objet de recherches en dépit d’une importante production photolittéraire. Pour la première thèse qui, en France, lui est intégralement consacrée, Ice, Anticorps, Atlas, Codex, Acéphale, S.T.A.S.I.S., six de ses œuvres majeures, publiées entre 2012 et 2019, mêlant textes et photographies, ont été choisies pour corpus primaire de l’étude. À l’intérieur de dispositifs hétéroclites, Antoine d’Agata s’empare du livre pour expérimenter une littérature plastique au sein de laquelle textes et photographies s’entrelacent et se répondent tout en conservant leur autonomie propre. Malgré leur éclectisme, les ouvrages d’Agata manifestent des constantes dans l’exercice de son art photolittéraire que l’étude se propose de mettre en évidence d’un point de vue poétique et esthétique. Il faut tout d’abord noter que l’œuvre d’Agata est collaborative (Ice est co-signé avec Rafael Garido ; Codex avec Bruno
Le Dantec), comme en témoignent la polyphonie au sein des textes et le travail de reprise et de recomposition d’images et de textes d’un ouvrage à l’autre. Cette entreprise de répétitions et de variations rend compte des relations intimes qu’entretient Agata avec les prostituées des bas-fonds qu’il photographie, tout comme elle conduit son lecteur-spectateur à fréquenter des figures qui lui deviennent familières. C’est ainsi que le corps est au cœur des productions de l’écrivain-photographe. Des expérimentations corporelles, ferment de ses œuvres, aux sensations procurées par la vision et la lecture de ses ouvrages, en passant par la présence obsédante des corps dans les photographies et les textes, le phototexte d’Agata résulte une somme d’expériences corporelles. À cet égard, Agata conçoit son art photolittéraire comme politique : refusant de séparer existence et pratique artistique, et faisant de l’acte poïétique le lieu d’une implication radicale, il donne vie et
parole à des groupes sociaux invisibilisés. L’étude aborde les œuvres photolittéraires d’Agata sous l’angle de la crise qui les anime. La poïétique sacrificielle qui est la sienne nécessite une transe du corps créateur, tout comme son usage de la transgression suppose un dépassement des limites. De plus, l’omniprésence des bas-fonds rend compte de son obsession pour les zones critiques de l’espace mondial. Quant à sa représentation de l’intime, elle repose sur une appropriation et un détournement des codes de la pornographie qui, par une visibilité crue, violente l’intimité. Enfin, la réception des dispositifs sensibles conçus par Antoine d’Agata dans ses phototextes s’appuie sur une esthétique du choc qui bouleverse et brutalise son lecteur-spectateur